Les melons d’Oued Rhiou et d’Oued Souf ont acquis leurs lettres de noblesse. Déjà très apprécié des consommateurs algériens voilà que c’est également le cas avec les consommateurs à l’étranger, notamment en France.

Le melon d’Oued Rhiou, dans l’ouest de l’Algérie, est issu d’un terroir typiquement local et ce mérite un label tant sa culture présente un réel lien au lieu. Il s’agit d’un melon de couleur jaune et de forme ovale contrairement au melon dit Cantaloup à la forme ronde.

Co-auteur d’une étude sur la région d’Oued Rhiou l’agronome Tarik Hartani notait déjà en 2007 : « Le melon de l’Oued Rhiou est mondialement reconnu ». Les variétés cultivées étaient celles du melon jaune et vert Valencia avec cette particularité que « la variété jaune tolère une salinité ». Une salinité estimée par l’intermédiaire d’une conductivité électrique du sol de l’ordre de 3 dS/m.

Dans la région de Oued Rhiou, la culture du melon a ses spécificités : une variété précise, une adaptation à des sols salés, des températures élevées en été et un réel savoir-faire des agriculteurs locaux. Le melon d’Oued Rhiou possède donc des caractéristiques qui définissent une appartenance à un terroir comme le stipule le cahier des charges relatif aux appellations contrôlées.

Melon d’Oued Rhiou, un produit associé à un terroir

Le savoir-faire des producteurs de melon d’Oued Rhiou transparaît notamment à travers leur gestion de la salinité locale. Une gestion qui, selon la FAO, exige : « La prise en compte des caractéristiques du sol, de la qualité de l’eau d’irrigation et des conditions locales, incluant le climat, les cultures, l’environnement économique, social, politique et culturel, et les systèmes de cultures existants ». 

Ce savoir-faire se traduit ainsi par la stratégie des producteurs quant au choix des parcelles. Ils préfèrent celles situées en hauteur ou légèrement en pente. L’expérience leur a montré que c’est un facteur déterminant pour réussir la culture du melon jaune.

Car si celui-ci s’accommode de sols salés, il s’agit d’une salinité modérée bien moindre que celle de la pastèque qui tolère des niveaux de salinité de 8 dS/m. Des valeurs que les agronomes locaux déterminent en laboratoire mais que les agriculteurs savent estimer tout simplement en goutant l’eau d’irrigation.

L’intérêt manifesté par les agriculteurs pour les sols en pente est que ceux-ci bénéficient d’un drainage naturel. Les producteurs de melons évitent les dépressions où le sel a tendance à s’accumuler.

Un savoir-faire paysan

Très tôt le terroir d’Oued Rhiou a attiré des agriculteurs des régions voisines. Beaucoup de maraichers locataires se sont en particulier installés sur des terres en amont au sol moyennement salé.

Ils louent « des parcelles avec forages grâce à leurs ressources financières » souligne Tark Hartani.

D’autres maraîchers produisant du melon s’installent en aval sur des terrains plus salés. Seul leur savoir-faire leur permet de réduire la salinité du sol. Ainsi pratiquent-ils la culture du melon en alternance avec celle de l’artichaut violet et des céréales. Afin d’éviter toute remontée du sel déjà présent en profondeur, ils pratiquent une irrigation à petites doses et utilisent un réseau de drainage qui permet d’évacuer l’eau en excès et le sel qu’elle contient.

Melon d’oued Rhiou : un cahier des charges pour une reconnaissance

Le melon d’Oued Rhiou pourrait prétendre à l’attribution d’un label et répondre ainsi aux nouvelles attentes des consommateurs locaux.

Déjà les dattes Deglett Nour, les figues de Béni Maouche et les olives de Sig bénéficient d’un label reconnu.

Il existe un réel effet de terroir à Oued Rhiou et le savoir-faire des producteurs de melon répond déjà à certaines des exigences du cahier des charges tel qu’il est exigé en la matière. Reste aux associations de producteurs locaux de s’organiser et de formuler la demande.

À l’étranger, dans le cas du melon des Charentes (France), ce cahier des charges pour l’obtention du Label Rouge stipule le respect d’un calibre de commercialisation précis, des caractéristiques organoleptiques spécifiques du melon avec « une couleur orange plus soutenue. Il est bien sucré et bien parfumé ». Le taux de sucre de chaque melon doit être au moins égal à 12°Brix. Enfin pour réduire l’usage des pesticides, la durée de culture sur une même parcelle sans melon est de 5 ans.

Des conditions certes contraignantes mais qui assurent l’écoulement de la production même en période de surproduction.

Djamel Belaid, expert en agronomie.