L’histoire commune du Nord-Africain a vu naitre, au fil des siècles, un art culinaire exceptionnel qui n’arrête pas de se distinguer à l’international. En parallèle, ce succès s’est également accompagné de disputes et de polémiques entre Algériens et Marocains à propos de l’origine de certains de ces plats.
Au-delà du sentiment de fierté et d’appartenance qui ne quitte guère les esprits des deux peuples concernant l’origine de certaines spécialités culinaires, le facteur de la diplomatie culinaire (ou gastro-diplomatie) en est également pour quelque chose dans ces interminables polémiques.
Du couscous au sellou en passant pas le baghrir et le msemen, la polémique autour des plats n’en finit pas
Depuis des années, les Marocains et Algériens se disputent inlassablement la paternité de spécialités, pourtant appartenant pour la plupart au patrimoine maghrébin commun. L’une des premières querelles culinaires entre les deux pays est sans doute celle liée au couscous.
Si ce n’est l’intervention de l’UNESCO, en classant ce plat emblématique en 2020 au patrimoine culturel immatériel, les polémiques auraient dépassé le stade d’une simple querelle culinaire.
Ce classement résulte en effet d’une candidature commune déposée par quatre pays d’Afrique du Nord, à savoir l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. Une preuve vivante que la culture populaire commune peut effectivement engendrer des spécialités qui n’appartiennent pas forcément à un pays en particulier.
Loin de là, les disputes à propos de plats ne cessent d’apparaitre et, parfois, de prendre des tournures graves, engagées souvent par les Marocains dès qu’un Algérien réclame l’origine d’un plat, ou ne serait-ce qu’oser le présenter dans sa version algérienne.
Les polémiques dépassent les bornes, allant jusqu’aux insultes et aux menaces
Mis à part quelques plats, toutes les autres spécialités qu’on retrouve à la fois en Algérie et au Maroc sont au cœur de polémiques. C’est le cas du sellou, une confiserie à base de semoule grillée et de fruits secs, présenté récemment par la chef algérienne Sherazade Laoudedj dans sa version de l’ouest de l’Algérie.
Au Maroc, la polémique a atteint son paroxysme, au point de provoquer la fermeture du stand consacré au Maghreb aux Galeries Lafayette, occupé par la chef algérienne. La chef a également fait l’objet de menaces.
Vient ensuite une autre polémique à propos de la pastilla, soulevée par des Marocains, accusant une chef algérienne d’avoir présenté ce « plat emblématique du Maroc, en modifiant son origine ». Pourtant, des théories soutiennent à l’unanimité que ce plat fût importé d’Espagne il y a des siècles de cela.
Tapage médiatique au Maroc à propos du baghrir et du msemen
Récemment, deux autres spécialités algériennes, si non maghrébines, ont été au cœur d’une vive polémique au Maroc. Il s’agit du baghrir (crêpes à mille trous) et du msemen (une sorte de crêpe feuilletée).
Le tapage médiatique soulevé au Maroc à propos de ces deux plats a fait suite aux déclarations du PDG de l’aéroport d’Alger, lorsqu’il a affiché sa volonté à mettre en avant « notre msemen, notre khfaf et notre baghrir » dans les salons de première de l’aéroport.
Plusieurs médias marocains ont réclamé, parfois sur un ton d’insulte, la paternité exclusive de ces deux plats maghrébins aux origines avérées du territoire appartenant actuellement à l’Algérie.