Très appréciée en France, en raison notamment de son prix bon marché, la tomate cerise marocaine ne fait pourtant pas l’unanimité. Les agriculteurs français y voient une concurrence déloyale et dénoncent des conditions de production douteuses et beaucoup moins coûteuses au Maroc.
À peine escomptée, la colère des agriculteurs français renaît de nouveau. Des producteurs de tomates du Sud-Ouest de la France et de Bretagne sont montés au créneau dans des supermarchés un peu partout en France pour dénoncer la concurrence déloyale de la production marocaine.
Des agriculteurs français dénoncent les importations massives en provenance du Maroc
Selon eux, les barquettes de 250 g de tomates cerise en provenance du Maroc, plébiscitées par la grande distribution et les consommateurs, sont commercialisées à 0,99 euro. De surcroît, elles se vendent « comme des petits pains », rapporte le magazine économique Challenges.
En plus du fait que la tomate marocaine soit exemptée de droits de douane, le prix de la main-d’œuvre est de 0,97 euro de l’heure au Maroc, contre 13,50 euros en France. Ainsi, le produit marocain est vendu à un prix beaucoup moins cher que la tomate cerise produite en France.
La tomate importée du Maroc sur un parcours de plus de 5.000 km est, en effet, 200 % moins chère que la tomate française au printemps et 55 % moins chère en pleine saison. Et contrairement à la tomate classique, dont les ventes sont en recul, cette variété est très appréciée par les consommateurs.
Pour Bruno Vila, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles des Pyrénées-Orientales, cité par le même média, « on parle beaucoup de souveraineté alimentaire, mais on importe massivement des produits marocains ».
Selon lui, la grande distribution, qui préfère visiblement la marchandise marocaine à bas prix, « est en train de ruiner » la filière, d’autant leurs marchandises sont identiques, mais proposées beaucoup plus cher.
L’exemption du produit marocain des droits de douane « doit être révisée »
Les tomates cerise marocaines, produites principalement par la marque Azura, sont exemptées de droits de douane grâce à un accord bilatéral signé en 2012 entre l’Union européenne et le Maroc. « Ce traité doit être révisé », réclame Bruno Vila.
L’intervenant explique qu’à l’époque de sa signature, avant le Brexit, le traité autorisait l’entrée de 360.000 tonnes de tomates marocaines. Mais aujourd’hui, « on atteint les 500.000 tonnes, alors que le Royaume-Uni n’est plus concerné ».
En outre, les producteurs français estiment aussi que le Maroc ne dispose pas d’assez de ressources en eau pour une culture aussi gourmande. Ils dénoncent aussi les conditions de travail difficiles des ouvriers agricoles marocains.
En réponse à cette accusation, Azura tient à préciser, par le biais de sa directrice générale adjointe, qu’elle dispose « d’une gestion très rigoureuse des ressources et privilégie l’eau de mer désalinisée ».
Autre grief relevé sur le produit marocain : « L’emballage affiche le prix attractif et des slogans en gros caractères, mais la provenance marocaine est en lettres minuscules de 1,5 millimètre ! », dénonce encore Bruno Vila.
SUR LE MÊME SUJET :
Pastèque, melon, tomates… « On va arroser la France en produits algériens »
Poivrons et tomates grillés : voici comment enlever la peau sans eau