Le patrimoine culinaire maghrébin ne cesse de faire l’objet de polémiques virulentes entre Marocains et Algériens. Au Maroc, une nouvelle polémique fait rage à propos de deux spécialités évoquées récemment par le DG de l’aéroport d’Alger.

Après les polémiques soulevées au Maroc concernant l’origine du sellou, puis la pastilla, deux plats qui tirent pourtant leurs origines du patrimoine maghrébin commun, une autre campagne d’appropriation vient d’être lancée dans ce pays.

Nouvelle polémique au Maroc à propos du baghrir et du msemen

Le nouveau PDG de la société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires d’Alger (SGSIA) Mokhtar Saïd Mediouni, a dévoilé le 18 mars sa feuille de route pour le développement de l’aéroport algérois.

Entre autres suggestions, concernant notamment les spécialités proposées aux voyageurs, il propose de mettre en valeur « trois spécialités algériennes » au niveau des salons VIP de l’aéroport d’Alger.

« Je ne comprends pas pourquoi servir toujours les petites pizzas, les petits gâteaux secs qui ne nous appartiennent pas, et nous oublions notre msemen, notre khfaf et notre baghrir », a-t-il déclaré à la presse.

D’ailleurs, il compte bien introduire ces spécialités « dans le salon de première afin de faire découvrir aux gens qui transitent par nos salons la culture et l’art culinaire algériens ».

Cette déclaration a vite fait polémique au Maroc. De nombreux médias accusent en effet le PDG de l’aéroport d’Alger « d’appropriation culinaire », prétendant l’origine exclusive du Maroc de deux spécialités qu’il a évoquées, à savoir le baghrir et le msemen.

Peut-on réellement prétendre connaitre l’origine d’une spécialité commune ?

« Encore une fois, c’est dans la culture et la gastronomie marocaine que viennent puiser nos voisins qui n’hésitent pas à s’approprier depuis un moment plusieurs spécialités marocaines », a écrit par exemple le journal marocain L’Observateur.

Plusieurs autres sites d’informations ont également pris cette ligne, soutenant la propriété exclusive du Maroc de ces deux spécialités. Certains sont allés beaucoup trop loin, en traitant Mokhtar Saïd Mediouni du « cuisinier de l’aéroport d’Alger ».

Il s’agit, encore une fois, faut-il encore le rappeler, de spécialités puisées du patrimoine maghrébin commun. Concernant le baghrir, il s’agit d’une crêpe berbère trouvant ses origines, sans aucun doute, dans toute l’Afrique du Nord, pas seulement au Maroc.

Tout comme le baghrir, le msemen est également une spécialité de crêpes feuilletées qui fait partie de la cuisine du Maghreb, avec plusieurs variétés qui différent d’un pays à un autre.

Ainsi, dire le baghrir ou le msemen algérien, tunisien ou encore marocain ne porte en aucun cas atteinte à l’origine de ces spécialités. Mais prétendre qu’il s’agit de spécialités d’origine exclusive à un seul pays est une atteinte flagrante à l’histoire commune de l’Afrique du Nord, ainsi qu’à tout son savoir-faire.